menus travaux

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Depuis une vingtaine d’années, au travers de ses deux activités d’artiste et de scénographe, Isabelle Rousseau développe une réflexion singulière sur les respirations, les écarts et les intervalles qui se nichent dans les mailles de l’espace ou du temps. Au fil de sa recherche, optant résolument pour les séries, elle se propose à l’initiative de chacune d’elle un vocabulaire restreint de formes, de gestes, de matériaux et d’outils donnant jour à diverses réalisations répertoriées sous les appellations de grands travaux et menus travaux.

Matériaux : Galets, terre synthétique, films plastique, ficelles, gravier, glands, plumes, liens en papier armé d’un fil de métal, fils de coton…
Techniques :
modelage, ficelage, couture, crochet…
Formats :
Petites tailles variables.

Carrés cousus

Carrés cousus

Petits grelots sans son

Petits grelots sans son

Chortens de poche

Chortens de poche

Bolées d'air

Bolées d’air

Couilles de glands

Couilles de glands

Jardin z

Jardin z

Nuages en papier

Nuages en papier

Raviolis chinois

Raviolis chinois

Ces menus travaux commencent avec ce que je glane au sol au cours de mes promenades.

Pour chaque série, une seule catégorie de matériau : des feuilles ou des galets ou des plumes ou des glands ou du gravier ou… Puis, il y a le lien qui va les assembler : de la ficelle, de la terre synthétique, de la corde à piano, de la toile…Et les outils : la main, l’aiguille, le crochet… Ces trois termes sont réunis non pas au hasard mais dans une intuition distraite.

Alors à mes moments perdus, cela prend quelques minutes, je fabrique. De petits moments en petits moments j’assemble, je couds, je crochète, je fais des nœuds, je modèle, de toutes petites choses, toute une série. L’une après l’autre, fabriquée avec les mêmes ingrédients, chacune est une variante de la précédente, sans dessin préconçu, ni aucune destination pratique possible. Leur forme, leur taille, leur complexité dépendent du nombre de minutes disponibles, de la longueur de l’aiguillée, de l’inspiration du moment. Ma concentration doit être désinvolte, ma pensée vacante, ma respiration calme et mes gestes attentionnés pour l’ouvrage.

Je tisse des bribes d’instants et je déploie la résille entre deux parcelles de temps. Ce sont chaque fois des petits actes, des petites choses, des petits points de présence essayée, des petits gestes pour pointer la question, le doute, l’expérience en pointillé de la conscience du présent, l’expérience de l’étalement ou de l’expansion intérieure de l’ ici et maintenant. Je redécouvre à chaque expérience comment l’intime est une dimension et un véhicule pour y cheminer.

Ce sont des travaux d’aiguille qui me donnent à percevoir le concret du temps ; sa dilatation, son présent et son immensité. Faire état juste de cela, signaler ces tentatives, ses échecs et ses réussites.